Cet article s’adresse à tous les utilisateurs des réseaux sociaux, que vous soyez enfants, adolescents, adultes ou parents. Par souci de faciliter la lecture, le genre utilisé est le masculin mais chaque situation ou cas présenté peut s’appliquer à tous les genres.

Il est malheureusement commun de trouver des commentaires irrespectueux, insultants ou même haineux sur Internet, en particulier sur les réseaux sociaux. Dans certains cas, ce flux incessant de messages peut rapidement créer une spirale négative menant au cyberharcèlement.

Le cyberharcèlement c’est quoi ?

Le cyberharcèlement est une forme de harcèlement qui trouve sa place principalement au travers des médias numériques (réseaux sociaux, système de messagerie instantanée, etc.) Il prend différentes formes allant de la création de faux profil à la diffusion de rumeurs en passant bien entendu par l’envoi de nombreux messages d’insultes.

En 2019, les technologies de l’information sont omniprésentes, les nouvelles et autres rumeurs circulent très facilement sur les réseaux sociaux sans qu’elles aient été vérifiées au préalable. Il est donc extrêmement facile de propager des informations concernant d’autres personnes et d’en perdre le contrôle.

Qui est concerné ?

Tout le monde peut se retrouver concerné par ce genre de situation, que vous soyez parents, témoins ou victimes, il existe des actions que vous pouvez entreprendre même en amont pour sensibiliser vos proches. Elles vous sont détaillées à la fin de cet article.

Dans une salle de classe, il suffit de 3 – 4 harceleurs que la victime de harcèlement rencontrera tous les jours et d’une majorité d’élèves restant silencieux pour en arriver à des situations dramatiques.

Cette situation de harcèlement arrive aussi très régulièrement à des personnalités publiques sur Internet. Ils reçoivent ainsi une déferlante de haine à chacune de leur intervention, vidéo ou publication. Prenons un cas récent :

Septembre 2019, la Youtubeuse Marie Lopez alias EnjoyPhoenix sort une vidéo où elle part à la rencontre d’une autre Youtubeuse. Elles jouent à un jeu leur proposant de répondre à une question ou d’avoir un gage. Elles doivent répondre à la question « Quel Youtubeur homme t’attire le moins physiquement ?». La Youtubeuse répond donc honnêtement en nommant un Youtubeur connu et en expliquant qu’elle l’apprécie mais « qu’il n’est pas à son goût ».

Cette simple phrase a suffi à déclencher un véritable raz-de-marée de réactions d’internautes et la jeune Youtubeuse en a partagé certaines de manière anonyme sur son profil Instagram. Attention, certains commentaires très « imagés » peuvent choquer. On y retrouve beaucoup de commentaires souvent sexistes ou émettant un jugement négatif sur son poids ou son physique en général.

On ignore combien d’agressions de ce style la jeune créatrice a reçu mais on peut estimer qu’au vu de sa communauté de plus de 3 millions d’abonnés, cela peut se compter par centaine si ce n’est par millier.

À ta mère, tu dirais ça ?

Pour faire face à tous ces commentaires haineux, plusieurs Youtubeuses ont lancé le hashtag #ATaMèreTuDiraisCa afin de rappeler des principes simples à appliquer avant de poster un commentaire sur les réseaux sociaux. Elles invitent aussi les victimes de harcèlement à partager les pires commentaires reçus de manière anonyme.

Ces cinq principes sont les suivants :

  1. Comment te sentirais-tu si tu recevais ce commentaire ?
  2. Est-ce qu’il est utile ?
  3. Est-ce qu’il est respectueux ?
  4. Est-ce que tu es fier-e de l’avoir posté ? Vraiment ?
  5. Comment te sentirais-tu si on l’adressait à ta mère ?

Qui est responsable et que risque-t-il ?

C’est une question épineuse ! D’une part, le harceleur aura la responsabilité de ses mots et pourrait en répondre pénalement si des preuves sont fournies. Mais il n’est pas le seul en cause car d’autre part, toutes les personnes qui « likent » et commentent ce type de message sur Internet peuvent également être inquiétées pénalement. En Suisse, un homme a d’ailleurs été condamné pour avoir simplement « liké » un commentaire diffamant une autre personne.

Il ne faut non plus pas négliger l’impact de la majorité silencieuse. Par majorité silencieuse, nous entendons par exemple dans le cadre d’une classe, tous les élèves qui ont vu les messages dénigrants sur les réseaux sociaux mais qui n’ont rien fait pour le signaler ou apporter leur soutien à l’élève harcelé.

Une victime de cyberharcèlement risque de se replier sur elle-même et s’isoler petit à petit. Elle risque également de considérer que cette partie de sa classe est du même avis que les harceleurs et donc diminuer encore plus son estime d’elle-même.

Que dit la loi suisse ?

Dans les cas de harcèlement ou d’insulte sur Internet, le délit est poursuivi d’office uniquement en cas de contrainte ou de chantage. Dans tous les autres cas, la justice n’engagera des poursuites que sur demande après le dépôt d’une plainte.

Le service intercantonal de Prévention Suisse de la criminalité liste également les principales infractions du Code pénal liées au cyberharcèlement et pour lesquelles les victimes peuvent déposer plainte :

Art. 143bis          Accès indu à un système informatique

Art. 144bis          Détérioration de données

Art. 147             Utilisation frauduleuse d’un ordinateur

Art. 156             Extorsion et chantage

Art. 173             Délits contre l’honneur et diffamation

Art. 174             Délits contre l’honneur et calomnie

Art. 177             Délits contre l’honneur et injure

Art. 179novies      Soustraction de données personnelles

Art. 180             Menaces

À noter : en Suisse, une capture d’écran est une preuve recevable et un « Like » a une valeur juridique.

Que faire en cas de Cyberharcèlement ?

Si tu es victime de Cyberharcèlement :

  • Parles-en dès que possible à un adulte de confiance (ton enseignant, tes parents, le médiateur scolaire).
  • Si tu ne sais pas à qui en parler, appelle le 147 (appel gratuit).
  • Chaque réseau social permet de bloquer une personne ou de la dénoncer. Bloquer la ou les personnes t’apportera un peu de répit.
  • En dénonçant cette personne ou ces personnes, leur profil ne sera peut-être pas supprimé mais en fonction de leurs actes sur les réseaux sociaux, ils pourront se voir bloqués quelques jours. Le signalement est anonyme.

Si tu es témoin de Cyberharcèlement :

  • Ne prends pas publiquement la défense de ton camarade sur les réseaux sociaux.
  • Parles-en dès que possible à un adulte de confiance (ton enseignant, le médiateur ou tes parents par exemple).
  • Si tu ne sais pas à qui en parler, appelle le 147 (appel gratuit).
  • Tu peux montrer ton soutien à ton camarde de manière cachée (par exemple avec un message privé).
  • Ne « Like » ou ne commente pas des insultes ou des propos injurieux. Cela fera encore plus de mal à la victime.

Si vous êtes parents d’un enfant harcelé :

  • Ouvrez le dialogue avec votre enfant pour qu’il-elle vous parle de ses sentiments.
  • Prenez contact avec l’école de votre enfant pour les informer de la situation.
  • Garder des preuves, traces des messages envoyés sur Internet à votre enfant.
  • Informez la police, le cas échéant.
  • Faites appel à de l’aide extérieure si le besoin s’en fait sentir, notamment le centre d’aide aux victimes : www.aide-aux-victimes.ch.

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